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Les villes dans la transition écologique et énergétique : analyse de la situation française

Observée en 1895 par Arrhenius, l’augmentation des émissions de CO2 atteint des niveaux tels au XXIe siècle qu’elle bouleverse le fonctionnement normal du climat. Les effets du changement climatique sont multiples et très préoccupants : augmentation des températures, sécheresses, recrudescence des événements météorologiques extrêmes, etc. D’après l’organisation C40 Cities, 70% des villes y sont déjà confrontées.

Les villes, des acteurs politiques de plus en plus impliqués dans la transition

Non seulement les villes subissent les effets du changement climatique, mais elles ont en France depuis 40 ans un pouvoir politique important.

L’article 188 de la Loi pour la Transition Energétique et la Croissance Verte abonde dans ce sens et confie un rôle important aux collectivités territoriales et leurs groupements : ils doivent rendre opérationnelle la loi et mettre en place une stratégie pour décliner au niveau local les objectifs nationaux.

Ainsi, tous les EPCI de plus de 20 000 habitants ont pour obligation de se doter d’un PCAET (Plan Climat Air Energie Territorial), feuille de route de la transition écologique et énergétique. Il s’agit d’aller au-delà d’un simple accompagnement et de mettre en place des solutions concrètes et adaptées à leur territoire.

Certaines villes souhaitent même dépasser les objectifs nationaux et les dispositions réglementaires. Elles font réaliser par exemple un plan de déploiement des énergies renouvelables sur leur territoire afin d’accélérer la production locale et de devenir énergétiquement autonomes. On assiste au niveau international à l’émergence de tendance similaires : les villes obtiennent ou se saisissent de nouvelles prérogatives.

Le mouvement du municipalisme qui prône comme entité suprême la ville, se présente en alternative au modèle étatique. Comme l’explique Elisabeth Dau, la ville, par sa capacité à impliquer les citoyens, permettrait de relever le défi auquel l’humanité entière est confrontée.

 

S’adapter au changement climatique et réduire les inégalités face à la menace

Les villes ont pour rôle d’adapter leur territoire au changement climatique pour le rendre plus résilient. Elles sont particulièrement touchées par les bouleversements environnementaux.

D’après C40 Cities, 90% des aires urbaines sont situées près des côtes, ce qui les rend particulièrement vulnérables à la montée des eaux. De plus, l’artificialisation des sols intensifie les vagues de chaleur et de nombreuses villes sont confrontées au phénomène d’îlots de chaleur urbain. Cette imperméabilisation des sols accentue également les risques d’inondations liées aux pluies torrentielles. Les risques naturels qui menacent les villes sont très nombreux et leur coût économique parfois difficile à assumer. Ainsi, de plus en plus de villes se dotent d’un plan d’adaptation afin de réduire la vulnérabilité de leur territoire.

Dans la mesure où les régions sont différemment affectées, il peut sembler plus pertinent d’apporter des réponses locales, en adéquation à chaque situation. Il apparaît aussi plus simple d’innover à l’échelle locale qu’à l’échelle nationale ; les villes ont une plus grande agilité pour tester de nouvelles solutions.

La récente crise du Covid-19 a démontré la rapidité des villes à instaurer des dispositifs d’urgence : beaucoup de municipalités ont déployé des pistes cyclables temporaires pour pallier le manque de distanciation sociale des transports en commun.

Enfin, l’adaptation des villes passe aussi par la réduction des inégalités renforcées par le changement climatique. Par exemple, les ménages les plus précaires ont le plus de difficultés à se chauffer en hiver et vivent souvent dans des immeubles mal isolés. Ainsi, en accompagnant et en organisant la rénovation thermique des bâtiments, les collectivités territoriales réduisent la précarité énergétique.

Créer un nouvel imaginaire et mobiliser les citoyens

Les villes ambitionnent de donner envie à leurs habitants d’agir pour le changement. Elles plaident non seulement pour un engagement politique et citoyen mais également pour un engagement au quotidien, dans la vie de tous les jours, qu’elles essayent d’accompagner.

Selon le sociologue Bruno Latour, la notion de territoire – que nous pouvons ici rapprocher de celle de ville ou de collectivités territoriales - est intéressante car elle permet aux citoyens de se référer à quelque chose qui leur est familier et auquel ils sont attachés. En effet, les habitants d’une ville se sentent davantage mobilisés par les enjeux locaux. Ainsi, rattacher le changement climatique au territoire permet de le rendre plus tangible.

Il est donc primordial que les villes informent et permettent aux citoyens de mieux comprendre la situation inédite que nous vivons.

De plus, le philosophe Olivier Abel affirme que l’un des leviers indispensables pour engager l’action est de créer un nouveau cadre de pensée qui accompagne la transition écologique. Il propose de « changer l’orientation du désirable », c’est-à-dire de créer un nouveau système de valeurs auquel les citoyens peuvent se référer et qui serait en accord avec les impératifs environnementaux.

Pour donner envie d’agir, il faut permettre aux citoyens de se projeter dans un avenir commun. Si ce rôle incombe traditionnellement aux Etats, les villes s’emparent aujourd’hui de cette rhétorique pour proposer elles aussi un récit collectif autour de la transition.

Enfin, les villes ont un rôle de coordinatrices et font participer les citoyens en les invitant à coconstruire un projet de territoire.

Pour Elisabeth DAU « Les villes et les villages constituent un échelon propice à la réinvention d’une « démocratie du proche ». » Grâce leur taille inférieure à celle des Etats, il leur est plus aisé de mettre en pratique une démocratie participative et de donner la parole aux habitants. Le processus d’élaboration des Plans Climat – ainsi que celui d’autres documents réglementaires telles que les évaluations environnementales – inclut les citoyens.

Ces derniers sont invités à participer à des temps d’échanges qui leur permettent de se former aux enjeux environnementaux et de prendre une part active à la réalisation de ces documents.

Vers une coalition internationale des villes ?

La gouvernance de la transition écologique et énergétique est un enjeu particulièrement complexe. Bien qu’il semble difficile de parvenir à un consensus quant au nouveau modèle à promouvoir à l’échelle internationale, le changement climatique n’en demeure pas moins une problématique globale.

Sans coopération internationale, il apparaît impossible d’endiguer le changement climatique. L’organisation C40 Cities qui rassemble 96 villes autour du monde, soit plus de 700 millions d’habitants, a démontré que la solidarité et les échanges entre municipalités peuvent créer de grandes synergies.

Ainsi, une alliance mondiale des villes pourrait permettre de conforter le rôle des villes et d’accélérer la transition.

 

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