Actualités Urbanisme durable

L’augmentation de l’artificialisation des sols au détriment des surfaces naturelles, forestières et agricoles a des conséquences directes sur la biodiversité et le climat. Le rapport parlementaire de la mission d’information sur le foncier agricole, publié le 05 décembre 2018 le souligne et étudie les menaces de l’artificialisation des terres arables ainsi que les outils historiques de régulation du foncier agricole et des exploitations face aux enjeux de l’artificialisation.

Principaux résultats du rapport

Quelles que soient les méthodologies de mesures utilisées (mesure Teruti-Lucas ou mesure Corine Land Cover), pour la part des terres artificialisées au détriment des surfaces naturelles, forestières et agricoles, le rapport relève la tendance de consommation croissante des terres. La progression continue de l’artificialisation des terres arables souligne à la fois un enjeu environnemental mais également une question de souveraineté alimentaire des territoires.

Dans un contexte d’urbanisation et d’extension des centres urbains, une des raisons principales de l’artificialisation des sols est le potentiel économique que représente la mutation d’un foncier agricole en terrain constructible. La plus-value financière peut ainsi être multipliée par 55… Les questions d’emplois et d’activité économique restant des enjeux centraux pour les collectivités, la préservation des terres arables n’est pas toujours priorisée.

En parallèle de l’artificialisation des sols, la question de l’appauvrissement des terres par les pratiques agricoles est également soulevée (monocultures, fertilisants, etc..) en lien avec les enjeux de souveraineté alimentaire que cela engendre.

Selon le rapport, les dispositifs juridiques, la fiscalité et les outils de maîtrise foncière ne sont plus à la hauteur des enjeux liés à l’artificialisation du sol. En effet, toujours selon le rapport, la mutation des exploitations agricoles vers des formes sociétaires fragilise le pouvoir de contrôle et de régulation du foncier qu’exercent depuis les années 1960 les outils institutionnels et favorise les investissements d’acteurs privés extérieurs au monde agricole.

Le rapport parlementaire se conclut sur plusieurs propositions communes aux rapporteurs pour lutter contre l’artificialisation des sols avec notamment :

  • Développer des outils précis et nationaux de mesures et recensement sur la qualité et l’usage des sols,
  • Couvrir l’intégralité du territoire  national  par les  SCoT et les PLUi  à l’horizon 2025,
  • Intégrer les outils de protection agricole (ZAP, PAEN) dans les SCoT ou effectuer la protection de zones dont la qualité les destine à l’agriculture dans le SRADDET,
  • Réviser les règles d’urbanisme commercial et industriel en augmentant  l’indice  de  densité  des  zones  économiques  et  en  limitant la  construction  de  parcs  de  stationnement  aériens  pour  les  activités commerciales,
  • Dresser un inventaire et éventuellement adapter une réforme des taxes contribuant à la lutte contre l’artificialisation.

Le débat est lancé.

Pour plus de détails, le rapport de la mission d’information commune sur le foncier agricole est disponible ici.

Le 15 octobre, un consortium d'acteurs de l’aménagement et du bâtiment, a lancé le projet de recherche et développement du label E+ C- (Energie+ Carbone-) à l'échelle du quartier.

Le consortium regroupe le CSTB, l'association BBCA, les certificateurs Alliance HQE-GBC, Certivea et Effinergie, ainsi que le technopôle Atlantech, le centre de R&D Efficacity et le bureau d'études Elioth.

Deux ans après le lancement de l'expérimentation E+C-, la démarche d’expérimentation vise à améliorer les connaissances et mieux quantifier les enjeux énergie et climat à l’échelle des quartiers ; outiller les acteurs de l’aménagement opérationnel pour des choix éclairés et aider à la fixation d’objectifs réalistes ; favoriser le changement d’échelle de l’approche E+C- et valoriser les actions et les mutualisations au-delà de la parcelle et du bâtiment.

Le programme se déclinera en trois phases.

Au début 2019, la définition du cahier des charges sera établie à partir de données disponibles et outils existants.

L'élaboration de la méthode garantira la définition des données nécessaires ainsi que la précision des cibles de performance pertinentes, selon le type de bâtiment, le contexte climatique ou encore la densité du projet.

Enfin, une mise en application de la méthode sera lancée sur huit projets pilotes :

  • « Atlantech » à La Rochelle,
  • « Cité Descartes » à Champs-sur-Marne,
  • « EcoCité Euroméditerranée » à Marseille,
  • « Sevran Terre d'avenir » à Sevran,
  • « Les nouveaux Echats » situé à Beaucouzé,
  • « Portes de Paris » : la partie nord du Parc d'activités à Saint-Denis/Aubervilliers (93),
  • « ZAC de Chesnes » en Isère,
  • « 17&Co » à Paris.

Dans la lignée des travaux menés dans le cadre du label BBCA quartier, l’objectif est de définir un futur référentiel permettant de quantifier l'impact carbone d'un quartier et d’accompagner la conception de quartiers à énergie positive et à faible empreinte environnementale tout en proposant une maîtrise des coûts économiques.

Les résultats sont annoncés pour mars 2021.

Faire progresser la qualité environnementale des quartiers et évaluer les opérations d’aménagement durable grâce à un programme interprofessionnel d’innovation collaborative ! Tels sont les objectifs du programme « HQE Performance quartier ».

Initié en partenariat, avec le label EcoQuartier et dans la continuité de la certification HQE Aménagement et des développements méthodologiques de l’AEU2, l’objectif de ce test HQE Performance est ainsi de développer une culture commune de l’évaluation à l’échelle de l’aménagement opérationnel et de poursuivre son appropriation dans des démarches globales de quartiers durables.

A minima trois thématiques sont concernées :

  • Mobilité
  • Energie / Climat
  • Economie circulaire
    Peuvent être inscrites toutes les opérations engagées dans une démarche globale de développement durable (AEU2, Ecoquartier et/ou HQE Aménagement) au stade conception, réalisation ou livraison.

Un test accessible à toutes les opérations avec des règles d’évaluation partagées :

  • Des indicateurs, dits de niveau engagé, facilement calculables et reposant sur des données courantes et d’ores et déjà disponibles.
  • Des indicateurs, dits de niveau expert, plus innovants et performanciels nécessitant le recours à des outils de simulation et/ou des calculs complémentaires.

Mécénat de compétences : Il est possible de bénéficier d’une réduction d’impôt sur les sociétés de 60%. Le temps passé par les collaborateurs pour réaliser des actions d’intérêt général peut en effet être évalué et donner lieu à un avantage fiscal.

Calendrier

  • 18 septembre après-midi : séminaire innovation avec les ateliers thématiques
  • 31/10/2018 : Date limite de remise du dossier
  • Nov. 2018 : Réunion retours d’expérience avec les participants
  • Fin 2018 : Publication des résultats du test

Rejoindre la communauté « Test HQE Performance quartier », en tant que testeur, maître d'ouvrage, partenaire, observateur ou invité et retrouver l’ensemble des documents associés à la démarche (dossier de présentation, grilles d’indicateurs).

Conjuguer Santé et Aménagement n’est pas un concept nouveau. Il a été initié par le réseau des villes santé de l’OMS Europe en 1987. Aujourd’hui, cette thématique « Santé » est présente aussi bien à l'échelle de la construction qu'à celle des projets urbains ou à celle du territoire:

  • Ainsi, dans la certification NF Habitat HQE est maintenant inscrit l’objectif de concevoir « des lieux de vie plus sûrs et qui favorisent la santé ».
  • En urbanisme, l’utilisation d’outils comme l’Urbanisme Favorable à la Santé (UFS) ou l’Evaluation de l’Impacts sur la Santé (EIS) se multiplie.C'est le cas par exemple à Pierrefitte-sur-Seine, où la Ville s’est engagée dans une démarche d’UFS sur son projet de rénovation urbaine "Fauvettes-Joncherolles-Vallès". Cette démarche permettra d’inscrire l’objectif d’amélioration de la santé des habitants dès la définition du projet urbain.
  • A Saint-Denis, la commune inaugure le 23 janvier son Conseil Local en Santé Environnementale (CLSE) qui permettra de faire émerger les problèmes liés à la santé sur le territoire pour que les aménageurs puissent y répondre. Ce CLSE constitue ainsi une nouvelle méthode de concertations innovantes en faveur de cette thématique "Santé".

C’est l’occasion de repenser le bien-être des citoyens dans la Ville et l’importance de notre environnement dans nos modes de vie ultra-urbains. En somme, de parler développement durable autrement afin de sensibiliser les collectivités et les acteurs de la construction dans la conception de villes saines et durables.

A ce sujet, le réseau EKOPOLIS organise le 18 janvier 2018 une conférence sur « Urbanisme et santé : enjeux et premières initiatives franciliennes». Cette conférence permettra de comprendre les enjeux fondamentaux qui lient santé et urbanisme, les particularités de l'Ile de France, et de prendre connaissance des initiatives franciliennes en cours sur des opérations d'aménagement. Lors de cette conférence des lauréats de l’ «Appel à Manifestation d'Intérêt Santé Environnement et Aménagement Durable » lancé par l’ADEME et l’ARS en 2016 présenteront l’avancée de leurs travaux.

En parallèle, Medieco Conseil et Vizea, accompagnent actuellement l’ADEME et l’ARS à l’évaluation et la capitalisation de cet AMI SEAD en vue d’un lancement d’un nouvel AMI et de nouveaux projets liant santé et aménagement.

Si le sujet vous intéresse, n’hésitez pas à vous inscrire à la matinée EKOPOLIS !

 

Le terme biophilie, littéralement « l’amour du vivant », désigne l’affinité innée de l’Homme pour le vivant et les systèmes naturels. Il a donné naissance à une méthode de design et d’aménagement qui rétablit le contact entre Homme et nature dans l’environnement urbain. Celle-ci a de nombreux bénéfices, aussi bien sur la santé humaine et la biodiversité que sur l’économie.

Qu’est-ce que la biophilie ?

Le terme biophilie a été inventé par le psychologue social Eric Fromm dans les années 1965 puis a été vulgarisé par le biologiste Edward Wilson, auteur de Biophilia, en 1984.
La biophilie est le besoin inné de l’Homme de se sentir connecté à la nature et aux biotopes. Elle explique, par exemple, le sentiment de plénitude que nous pouvons ressentir lorsque nous nous retrouvons immergés dans un espace naturel.

Ce besoin a donné lieu au design biophilique, branche du mouvement du développement durable, qui s’efforce de rétablir ce contact avec la nature dans l’environnement bâti. Il recrée les ambiances et les ressentis de la nature dans notre quotidien, fournissant des expériences sensorielles et réveillant ainsi nos sens. Cette méthode de conception se situe à la croisée des domaines de la santé, de la biodiversité, de l’art et de la beauté.

Comment intégrer la biophilie dans l’aménagement ?

Le cabinet de consulting et de planning stratégique environnemental Terrapin, dans sa publication 14 Modèles de Conception Biophilique, 2014, présente quatorze principes biophiliques. Ceux-ci ont pour but de guider les aménageurs dans l’intégration de la biophilie dans leurs projets.
Terrapin subdivise ces quatorze principes en trois catégories :

  • La nature dans l’espace. Cette catégorie concerne la présence directe de la nature, sous toutes ses formes (végétaux, animaux, eau, mais également lumière, sons et effluves olfactives), dans un espace ou un lieu.
    La présence de plantes en pots, de fontaines, de toits et de murs végétalisés, le renouvellement d’air et le confort thermique, ou encore tout simplement une fenêtre donnant sur un jardin, sont des exemples d’application des principes de cette catégorie.

(Source)

  • Les analogies naturelles. Elle concerne les évocations et imitations biologiques, non-vivantes et indirectes de la nature. Cela peut se traduire au niveau de la conception par l’intégration de meubles ou bâtis de forme biologique ou l’utilisation de matériaux et textures naturels

(Source)

  • La nature de l’espace. Cette catégorie concerne les ambiances recréées par les espaces aménagés et la réponse que nous avons à leur contact. Elles nous permettent de nous projeter, de nous évader tout en restant attentif à notre environnement. Au niveau de la conception, cela peut, par exemple, se traduire par la mise en place d’un lieu de refuge qui procure un sentiment de sécurité et de retrait et favorise le travail ou le repos ; ou bien par l’instauration passagère d’un sentiment de risque identifiable et maîtrisable, qui par la production de dopamine qu’elle induit, nous amène à nous sentir exaltés et bien dans notre environnement.

Exemple d’application du principe de risque : Levitated Mass de Michael Heizeh au Musée d’Art du Comté de Los Angeles,
(Source )

Ces principes de conception biophilique proposent une large gamme de possibilités de mise en œuvre, tant dans les environnements intérieurs qu’extérieurs, les rendant adaptables à tous les types de projets.

Les 14 principes de conception biophiliques (Source : 14 Modèles de Conception Biophilique, Terrapin, 2014)

 

Pourquoi intégrer la biophilie dans les projets d’aménagement ?

Au-delà de l’aspect esthétique pur, l’intérêt du design biophilique est aujourd’hui prouvé. Diverses études ont montré son effet au niveau des entreprises, des structures d’éducation et de santé, voire même à une échelle plus large.

En effet, la conception biophilique permet :
• Au travail, de réduire le stress, l’absentéisme et d’augmenter la productivité, la créativité et le maintien des équipes.
• Dans le domaine de l’éducation, de réduire le taux d’absentéisme, d’améliorer les résultats d’examen et d’accélérer l’apprentissage.
• Dans le domaine de la santé, de réduire le temps d’hospitalisation et d’accélérer le temps de guérison.
• Au sein des collectivités, de réduire la criminalité et d’augmenter la valeur immobilière.

Le design biophilique, en recréant un lien à la nature quelque peu perdu au vu du contexte actuel où nous passons la majeure partie de notre temps dans des espaces urbains et intérieurs, apparaît comme un moyen de replacer le bien-être et la santé des usagers au cœur de l’aménagement.

L’urbanisation croissante à l’échelle mondiale, impliquant une imperméabilisation quasi systématique des sols et une disparition d’espaces ruraux, a engendré une disparition de la Nature, et a eu un impact fortement négatif sur la biodiversité. Aujourd’hui, la tendance change : on cherche à réintroduire la Nature au cœur des villes.

De plus en plus de projets d’aménagement intègrent un volet « Nature en Ville », visant à protéger les espaces verts et la biodiversité existants, tout en faisant prospérer et en développant une nouvelle offre. Mais pourquoi ce soudain engouement ? Est-ce-là la marque d’une prise de conscience généralisée, ou d’un simple effet de mode ?

Qu’est-ce-que la Nature en Ville ?

Ville et Nature s’opposent à priori, mais en réalité, le végétal est partout : des parcs publics aux jardins privés, en passant par les pieds d’arbres et les toitures et jusqu’aux interstices entre les pavés.
La Nature ce n’est pas que du vert : c’est aussi l’eau, les sols, et la faune qui les accompagne et que l’on peut trouver dans toute ville.

                                                                                                                                  Nature spontanéeNature spontanée                                                                               High line à New York

Pourquoi réintroduire la Nature en Ville ?

Cette volonté de réintroduire une Nature que nous avons détruite ne provient pas, ou peu, d’un sentiment soudain de culpabilité ; mais plutôt de la prise de conscience des bénéfices que celle-ci peut avoir sur l’être humain : elle nous offre de nombreux services écosystémiques.

L’association Plante et Cité, a mené de 2012 à 2013 une étude s’appuyant sur plus de 300 références et articles scientifiques, visant à décrire et étudier les bienfaits du végétal en ville. Elle a ainsi identifié des bienfaits pouvant se répartir selon les trois piliers du développement durable (l’Homme, la Nature et l’économie)

La Nature en Ville, en ré-établissant le lien à la terre, en développement le lien social, en nous recentrant sur notre environnement nous permet de nous réapproprier des villes que nous avions délaissées.

Source

Notons également qu’avec des bienfaits comme la régulation thermique, la qualité de l’air, la gestion de l’eau, la Nature en Ville apparaît comme une réelle solution d’adaptation face au changement climatique. En effet, elle permet par exemple de lutter contre l’effet d’îlot de chaleur urbain, de fixer du carbone et donc de limiter la quantité de CO2 atmosphérique, participant ainsi à la création de villes durables, et résilientes.

La ville offre, de par la diversité de milieux qu’elle crée (variations de luminosité, de matériaux, d’humidité…) de nombreux habitats possibles pour les espèces végétales comme animales. Mais encore faut-il la laisser s’y développer ! L’heure n’est plus à la preuve et à la démonstration des bénéfices de la Nature sur l’écosystème urbain, mais plutôt au changement des regards face à une Nature spontanée, qui a été traditionnellement contrôlée et contrainte.

L’enjeu pour les aménageurs d’aujourd’hui, dans l’objectif de la construction de la ville durable, est à la fois de proposer des projets dans lesquels la place laissée à la Nature est centrale, et de se questionner sur les démarches à mettre en œuvre pour faire accepter celle-ci et encourager l’appropriation par les habitants.

Alors que les consommations collaboratives sont en plein essor et souvent prises pour exemple pour les gains environnementaux qu’elles procurent, l’ADEME vient de publier une étude sur le sujet et pointe les limites aux gains environnementaux générés par des pratiques d'échanges de services ou de biens entre particuliers.

Quelques résultats

L’étude portée par l’ADEME a été réalisée sur plus d’un an entre décembre 2014 et janvier 2016. Les résultats sont mitigés par rapport à l’idée véhiculée sur les pratiques collaboratives : le gain environnemental dépend fortement de la pratique conventionnelle à laquelle la pratique collaborative se substitue. Cependant, plusieurs intérêts sociaux et économiques accompagnent toujours ces démarches.

Voici trois exemples les plus marquants :

  • Covoiturage longue distance : même mutualisé, un véhicule thermique est un mode de transport fortement polluant et la réalité de la substitution des pratiques diminue les gains environnementaux : selon l’Agence « 12% des personnes n’auraient pas voyagé en l’absence d’une offre de covoiturage et 63% des covoitureurs auraient pris le train ». Ainsi la réduction d’impact n’est que de 12% quand on prend en compte cette réalité de substitution.
  • Location et prêt d’objets : ces pratiques permettent d’augmenter la durée d’usage d’un bien les réductions d’impact sont d’autant plus importantes que le bien est partagé. Néanmoins la logistique comme le transport du bien peut générer des impacts négatifs évalués jusqu’a +60% par rapport à la pratique conventionnelle.
  • Logement partagé : la diminution des prix de la location peut augmenter le temps de séjour ou encourager les destinations plus éloignées (et donc l’usage de l’avion). Les éventuels bénéfices liés à la location courte durée chez un particulier peuvent en être annulés, c’est l’effet rebond.

Méthodologie de l’étude

L’étude a suivi deux objectifs :

  • Répondre à un besoin de connaissances sur les aspects économiques, sociaux et environnementaux associés aux pratiques collaboratives
  • Identifier les potentiels de développement de la consommation collaborative ainsi que leurs conditions de réalisation

Elle s’est déroulée en trois volets successifs :

  • Volet 1 : État des lieux de la consommation collaborative en France en 2015. 21 initiatives collaboratives ont été étudiées.
  • Volet 2 : Élaboration de deux scénarios prospectifs à horizon 2030, en appui sur un travail participatif avec des experts de la consommation collaborative, puis des entretiens avec des usagers de la consommation collaborative (pour challenger les hypothèses posées).
  • Volet 3 : Évaluation économique, sociale et environnementale de 13 initiatives à l’échelle unitaire et macroscopique des scénarios prospectifs à horizon 2030.

(13 initiatives sur les 21 du volet 1 ont été sélectionnées et approfondies à l’aide d’indicateurs environnementaux). Les évaluations environnementales ont été basées sur la méthode de l’Analyse du Cycle de Vie (ACV).

Les 13 pratiques sélectionnées sont les suivantes :

  • Mobilité : covoiturage courte distance, covoiturage longue distance et location de voitures entre particuliers,
  • Echange de biens : location entre particuliers de matériel de bricolage et de jardinage, réemploi de  vêtements,  de mobilier, d’équipement électroménager et d’équipement audiovisuel de loisirs,
  • Logement : mise à disposition de logement sur courte période en France et à l’étranger, colocation de  proximité
  • Biens alimentaires : circuits courts dont communautés d’acheteurs locaux

Retrouvez l’ensemble des résultats de l’étude dans :

Ainsi que tous les autres documents mis à disposition par l’ADEME directement sur leur site Internet.

Lancé en 2015 par Vizea, le TERritoire à REssources Positives (TERREP) est un territoire qui vise une autonomie de ressources et déchets pour autoriser le développement humain sans consommer la planète. Cet article, premier d’une série sur les conséquences de la démarche TERREP sur les différentes ressources, aborde l’eau : sa rareté, son impérieuse nécessité et la manière dont chaque maillon de la Ville Durable doit l’économiser, la valoriser et la récupérer.

Quelques constats sur l’eau

La France reçoit chaque année 440 milliards de m3 d’eau sous forme de pluie, de neige, ... Premier constat donc : l’eau est plutôt abondante en France mais l’intermittence des précipitations fait s’alterner les périodes de surproductions (et son lot d’inondations) et les périodes de sous-production (sécheresses).
Sur les 33,4 milliards de m3 d'eau prélevés en France métropolitaine en 2009, 5,5 milliards de m3 (soit 17% du total prélevé) ont été consacrés à la distribution d'eau potable soit une consommation moyenne par Français de 150 litres par jour.

Il est intéressant de regarder comment chacun d’entre nous consomme cette eau rendue potable pour que nous puissions la boire:

  • 1 % est effectivement consacrée à cet usage et même 7 % en intégrant la préparation des aliments (cuisson, lavage…)
  • Le reste (93%) est utilisé pour l’hygiène corporelle, la chasse d’eau des WC, et diverses tâches ménagères.

Répartition de l’utilisation domestique de l’eau potable

La sobriété et l’efficacité aux différentes échelles

A l’échelle des réseaux

En France, un quart de l’eau mise en distribution n’arrive pas à l’usager du fait des fuites importantes tout au long des 850 000 km de canalisations du réseau français.
La Ville Durable peut-elle se permettre de gaspiller ainsi près d’un litre sur quatre ? Le TERREP fait-il sens si malgré ses propres efforts d’autonomie, l’eau est ainsi gaspillée avant même d’être disponible sur son territoire ? A l’évidence non !

C’est pourquoi le Grenelle de l’environnement a fixé l’obligation pour les services de distribution de l’eau de suivre et limiter ces pertes. L’ONERA a formalisé un guide pour l’élaboration de plans d’actions de réduction de ces fuites pour améliorer la connaissance du réseau et des pertes, mettre en place une politique de recherche active des fuites et de réparation, rénover les réseaux … Reste maintenant aux opérateurs et aux collectivités à s’emparer de ce guide. Sa prise en compte est, à l’évidence, un pré-requis du TERREP.

Lorsqu’il en existe, les réseaux d’eau non potable doivent être utilisés, sinon dans les bâtiments, du moins dans l’espace public ou dans les parties communes. C’est le cas par exemple à Paris qui a su conserver au 18ième siècle son réseau de fontaines publiques pour en faire le plus grand réseau d’eau non potable de France.. La ville s’en sert actuellement essentiellement pour le nettoyage des rues mais parfois pour climatiser certains bâtiments (hôtel de ville par exemple).

Malheureusement, l’exemple parisien n’est pas courant (sauf dans le sud de la France où le cas est fréquent) et il ne serait économiquement pas rentable de le reproduire puisque l’essentiel du coût d’approvisionnement en eau potable est lié au réseau. Les gains engendrés sur la non potabilisation d’une partie de l’eau ne permettrait pas de doubler le réseau français. La démarche mérite cependant d’être reproduite, à plus petite échelle (ZAC ou parcelle), pour combiner récupération de l’eau de pluie et l’utilisation raisonnée de l’eau potable.

A l’échelle des aménagements extérieurs

Si les principes édictés pour les réseaux (suivre, limiter, anticiper les fuites) s’étendent sans souci à l’échelle de l’aménagement urbain ou de la parcelle, la principale fonction consommatrice d’eau à cette échelle reste les éléments paysagers.

Alors qu’un jardin de pleine terre bien conçu (ou avec un volume de terre adapté aux plantes choisies), au-delà des premières années, finit par être plus ou moins autonome sous réserve que l’usager accepte le jaunissement ponctuel, il subsiste des aménagements paysagers particulièrement sensible du point de vue de la ressource eau :

  • La pelouse (et par extension le jardin d’apparat) qui consomme à elle seule 4 litres au m². Cela peut sembler peu mais cette quantité finit par représenter au bout de 15 jours pour 500 m² près de 30 m3 d’eau soit l’équivalent:
  • de 50 jours de consommation en eau d’une famille pour tous ses besoins,
  • de plus de 13 ans pour ses seuls besoins liés à la boisson.
  • La végétalisation des façades (et par extension la nature en ville sans penser l’épaisseur des substrats en conséquence).

Trop souvent, la « Nature en ville » se fait alors au moyen d’une instrumentation tantôt technique, tantôt énergivore qui apparait hors contexte dans le cadre de la ville durable : la nature en ville doit être accompagnée et entretenue mais ne doit pas se faire au détriment de ressources naturelles comme l’eau ou l’énergie.
Le TERREP doit penser l’opération et l’image qu’elle reflète dans la durée. Il ne s’agit pas que de produire une esquisse ou de construire un projet dont 10 ans plus tard (et parfois moins) la végétation serait en piteux état. Ce sont ainsi 3 objectifs complémentaires qui doivent s’inscrire dans l’ADN végétal du TERREP

  • S’adapter aux micros climats par le choix de végétaux adaptés à l’épaisseur de terre, aux orientations et aux masques solaires ;
  • Rechercher l’autonomie en eau toute l’année en stockant l’eau de pluie et en veillant à l’adéquation entre le volume de stockage, les modèles climatologiques (pluie, sécheresse, …) et les végétaux retenus. .
  • Elaborer un système d’arrosage « naturel » s’inspirant du relief et apportant l’eau aux plantes de manière gravitaire et économe.

Une des propositions que nous avions retenues pour le site Paris Rive Gauche avec nos partenaires M / FR et l’agence FORR sur Réinventer Paris était de limiter les végétaux en façade en fonction de leur consommation, des orientations et du volume que nous pouvions retenir en toiture. L’objectif était, pour ces arbres en jardinière, de se débrouiller avec la pluie et l’arrosage gravitaire que nous pouvions apporter à partir des réservoirs en toiture via des « pailles » judicieusement intégrées à l’architecture retenue.

 

« A l’instar de la nature, notre trame végétale doit s’abreuver d’eau pluviale et ne pas dépendre d’eau potable. Pour cela, l’eau de pluie des  étages supérieurs est collectée (unitairement ou collectivement) pour fournir à chaque plante l’eau dont elle a besoin lors des périodes sèches.
Une analyse précise des besoins de chaque végétal a permis, à partir des données météorologiques standards et critiques (anticipation des  conséquences du changement climatique) de dimensionner au plus juste chaque cuve de récupération pour stocker, en période humide, suffisamment d’eau et alimenter progressivement chaque plante en fonction de ses besoins tout au long des périodes de sécheresse.En amont, le schéma hydraulique des toitures a été étudié pour que chaque cuve reçoive la quantité nécessaire d’eau permettant de garantir qu’elle ne tombe jamais  à sec .Reproduisant localement les barrages de la nature, notre projet dissimule ainsi dans les toitures les bassins qui alimenteront notre façade végétale. » - Extrait note de présentation du projet

Sur ce projet, la réelle complexité était, une fois le principe posé, d’identifier les besoins de chaque plante et de dimensionner au plus juste chaque cuve de récupération pour stocker, en période humide, suffisamment d’eau et alimenter progressivement chaque plante en fonction de ses besoins tout au long des périodes de sécheresse. Ces modélisations permettaient avec une cuve de 80 m3 d’assurer l’autonomie en eau de l’ensemble des végétaux. Corolaire intéressant, l’installation limitait le rejet au réseau d’eau pluviale à, au pire 14 litres sur une journée et en tout à peine 45 litres sur l’année. Hormis réglementairement(1), les bassins de rétention devenaient quasiment inutiles sur le projet.

Pour éviter les systèmes techniques fragiles et/ou énergivores, le concept hydraulique devait être uniquement gravitaire. L’idée était que chaque  jardinière possède un mini réservoir situé sous la terre restituant par capillarité l’eau aux plantes. Un diffuseur,  initialement mis au point pour les climats semi désertique nécessitant de collecter et de stocker de l’eau en  abondance lors d’orage intenses et brefs, avait été détourné pour s’adapter aux contraintes du climat parisien actuel  et futur. L’eau circulait par les « pailles » du projet, passant des bassins de toitures (barrage) jusqu’au mini–réservoir. Lorsque le réservoir était plein, la pression et un flotteur arrêtaient le débit jusqu’à ce que les plantes  consomment l’eau.

  1.  La réglementation impose en effet de distinguer les bassins de rétention (dont l’objectif est de se vider) des bassins de stockage (dont l’objectif est de se remplir). Dans le cas de ce projet, la cuve de 80 m3 de stockage n’aurait pas empêché la construction d’un bassin de rétention de 40 m3 … pour retenir 45 litres par an

 A l’échelle des bâtiments

A l’échelle du bâtiment, la réduction de la consommation d’eau présente un double avantage : d’une part une baisse de la facture d’eau elle-même, mais aussi une baisse non négligeable de la consommation d’énergie pour la production d’eau chaude. Pour ces raisons, mais aussi pour épargner la ressource eau, le TERREP doit imposer des produits qui limitent les besoins en eau pour une même activité :

  • Des mitigeurs voire des robinets thermostatiques équipés de mousseurs,
  • Des douchettes « venturi » voire à pulsation qui permettent d’obtenir un débit compris entre 6 et 9 l/min ce qui engendre des économies d’eau et d’énergie (de l’ordre de 30 à 50 %)
  • Des cuvettes WC double chasse 3/6 litres ;
  • Des appareils sanitaires avec un classement ECAU (les lavabos, bidets, éviers et douches avec un débit E < 16 l/min et les baignoires avec un débit E < 25 l/min) ;
  • Une limitation de pression dans le réseau à 3 bars.

Vizea mène depuis plusieurs années un programme de recherche sur l’impact des systèmes hydro économes sur la préservation de la ressource eau. Ces travaux ont permis de quantifier les écarts entre un projet « classique » et les projets compatibles du TERREP.

Ainsi, sans demander aux usagers des efforts particuliers (hormis renoncer à laver leurs voitures mais le TERREP s’inscrivant dans la ville des courtes distances…), il est possible de diviser quasiment par deux sa consommation journalière !


Il est encore possible d’aller plus loin en récupérant et en réutilisant les eaux pluviales :

  • d’une part pour alimenter les chasses d’eau. Ce dispositif, déjà mis en place sur de nombreuses opérations, permet une réelle économie d’eau potable et est tout à fait autorisé (hormis dans les établissements de petite enfance),
  • d’autre part pour des usages communs, via des points de puisage judicieusement placés, pour le nettoyage des parties communes, le lavage des outils et vélos, ou encore l’arrosage résiduel des espaces extérieurs, et même pour les lave-linges ou les lave-vaisselles qui ne nécessitent pas d’eau potable.

Note : Le temps de retour sur investissement d’une récupération de l’eau de pluie pour les toilettes est de l’ordre de 7 ans  (en intégrant le stockage, le double réseau d’eau …).Le surcout et la complexité supposée des réglementations est souvent pour le promoteur le moyen d’éviter de changer ses méthodes.

Le recyclage de l’eau usée et la valorisation de la ressource

En circuit fermé

La récupération de l’eau a déjà été évoquée mais il est possible d’aller plus loin encore car la même eau peut servir plusieurs fois à des usages différents, voire au même usage. Certaines industries recyclent déjà leurs eaux qui circulent en circuit fermé.

Le recyclage des eaux domestiques est aussi possible : les Japonais, par exemple, ont développé, dans les régions où l'eau, est rare une technique de recyclage où l'eau liée aux salles de bains est récoltée dans des citernes, traitée grossièrement et renvoyée dans l'immeuble pour alimenter les chasses d’eau. Il est vrai que ce pays est très en avance sur le sujet : du pommeau de douche, qui mélange de l’air à l’eau pour en utiliser moins jusqu’à l’eau du bain réutilisée pour la lessive en passant par le moins sophistiqué mais très célèbre lavabo-chasse d’eau totalement démocratisé au japon (l’eau usée pour se laver les mains va dans le réservoir de la chasse d’eau directement) sont un aperçu des techniques utilisées pour limiter la consommation et valoriser ce que nous préférons généralement remettre au réseau sans y réfléchir. Le TERREP doit s’inspirer de ces exemples dans toutes ses composantes.

Ces éléments permettent en complément de limiter les rejets au réseau dont le surdimensionnement, du fait de notre incapacité à réutiliser l'eau de pluie, conduit à des surcoûts économiques donc sociaux portés par chaque habitant. Ajoutons en complément, que l'usage de l'eau de pluie (hors arrosage) doit être quantifié et déclaré à la collectivité en charge du traitement des eaux pour qu'elle facture ce traitement. Certaines collectivités, pour encourager cette pratique vertueuse, décident de volontairement ne pas taxer ces rejets d'eaux.

Comme réserve de calories

En matière d’efficacité énergétique, il est logique de réduire d’abord les besoins en utilisant mieux l’énergie pour ensuite produire l’énergie requise le mieux possible. Le chauffage de l’eau à des fins sanitaires (ECS) est souvent la seconde dépense énergétique en importance et, même avec les efforts récents sur l’enveloppe limitant les besoins en chauffage, parfois la première !

Or, après avoir été chauffée à 55°C puis utilisée, cette eau chaude est ensuite rejetée au réseau à une température moyenne de 30°C. Une grande quantité d’énergie se retrouve ainsi à l’égout.
LE TERREP ne peut se contenter de « voir passer les calories » sans chercher à les récupérer. De nombreux systèmes existent, la plupart avec d’excellents temps de retour sur investissement, permettant

  • soit en évitant de consommer : c’est le cas, par exemple, des systèmes « passifs » de type powerpipe qui récupèrent par conduction la chaleur des eaux usées pour préchauffer l’eau froide. Ces systèmes sont particulièrement adaptés lorsque l’usage suppose de nombreuses douches en même temps (résidence étudiante, piscine, gymnase….),
  • Soit en récupérant la chaleur avec des pompes à chaleur qui viennent, de manière active, récupérer la chaleur sur les eaux usées pour produire de l’eau chaude sanitaire voire une partie du chauffage. A titre d’exemple, le synoptique ci-dessous présente le fonctionnement du système biofluide que nous commençons à mettre en œuvre sur certains de nos projets.

 

Cet article ne vise pas l’exhaustivité mais montre que le TERREP peut et doit penser l’eau comme une ressource finie : La sobriété permet de limiter drastiquement nos besoins en eau, l’efficacité permet de n’utiliser l’eau potable que pour les besoins qui le nécessitent (limitant les coûts et l’usage de produits chimique ou de techniques énergivores), la récupération de l’eau de pluie  devrait être obligatoire tant ses vertus sont nombreuses … Même une fois utilisée, cette eau consommée peut et doit nous servir  en cycle court pour la réutiliser soit pour des besoins moins nobles, soit pour en tirer le maximum de calories avant de la rejeter.

En complément, comment parler d’eau sans évoquer, même brièvement, la gestion des eaux pluviales ? Le TERREP doit être responsable par rapport aux risques d’inondations. La récupération de l’eau de pluie ou la rétention temporaire limite la saturation des réseaux lors d’orages alors que l’infiltration in situ permet d’envisager le zéro rejet d’eau pluviale. C’est là un autre sujet qui fera bientôt l’objet d’un prochain article.

Atelier Ville Durable (AVD) est un collectif de spécialistes de différents domaines ayant appris à travailler ensemble autour des questions de la ville durable, intelligente et citoyenne.

Les membres du groupement sont : Acoustique et Conseil, ATM, Dm Compost, Vizea, Le Sens Urbain, OGE , Trame, Topager.

La synergie d’AVD consiste à trouver un langage commun d’interprétation des analyses des divers spécialistes pour en extraire une synthèse globale et non plus spécialité par spécialité. C’est bien cette synthèse de nos expertises qui est la valeur ajoutée d’AVD.

Les analyses des différentes spécialités peuvent s’exprimer de manière cartographique, chacun utilisant ses propres critères, son langage et pouvant interpréter ses propres cartes. Cette synthèse élaborée par un travail collectif n’empêche pas par ailleurs chaque spécialiste d’élaborer son étude et ses conclusions de manière indépendante comme il en a l’habitude.

Le nouveau site d’Atelier Ville Durable est en ligne : ici

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L’urbanisation des espaces agricoles a repoussé les fermes loin des centres-villes, la densification des espaces urbanisés engendre aujourd’hui de nombreuses problématiques : pourquoi ne pas faire respirer nos territoires et implanter une ferme en permaculture au sein de nos projets d’aménagement ?

Qu’est-ce que la permaculture ?

La permaculture est une approche pragmatique, inspirée par l'écologie scientifique, imaginée dans les années 1970. Elle est conçue pour permettre aux individus et aux communautés qu'ils constituent de repenser la relation des sociétés à leurs environnements, mise en danger par une conception du développement fondée sur l'exploitation minière des ressources naturelles (énergies fossiles, minéraux, eau, biodiversité, etc.).

De façon très simplifiée, l'objectif de la permaculture est de créer des écosystèmes naturels, s'appuyant sur les interactions de leurs différentes composantes pour en optimiser l'autonomie et garantir la qualité de vie des humains qui en sont parties prenantes. Le design, l'aménagement et le pilotage de cet "écosystème permaculturel" sont le fruit d'une vision globale du site, de son fonctionnement et de sa dynamique, en accord avec les aspirations sociales, écologiques et économiques de ceux qui y participent.

FIGURE 2 : FERME DU BEC HELLOUIN

 

La permaculture est donc une démarche agricole ancrée dans un lieu, un contexte et avec des acteurs qui lui sont propre. Il n’existe pas d’expérience de permaculture en tout point reproductible.

La ferme du bec Hellouin : un exemple documenté

Le cas le plus souvent cité dans les exploitations en permaculture est celui de la ferme du bec Hellouin. Cette ferme, qui sert par ailleurs d’école de permaculture, a été suivie pendant plus de 3 ans par des chercheurs de l’INRA-AgroParisTech afin d’en comprendre, d’en optimiser et de documenter l’équilibre économique de la structure.

Située en Normandie, la ferme du bec Hellouin a été créée en tant qu’exploitation permaculturelle en 2007 par un couple en reconversion professionnelle. Le site choisi ne possédait pas d’atouts particuliers pour l’agriculture : la qualité du sol était plutôt mauvaise et la situation géographique n’est pas non plus particulièrement favorable.

FIGURE 3 : PLAN D’ORGANISATION DE LA FERME DU BEC HELLOUIN

L’étude de l’INRA portait uniquement sur une partie des surfaces exploitées. Au total, la ferme exploite 4000 à 7000 m² de terre pour des cultures maraichères, et l’étude s’est focalisée sur 1000 m² (les parcelles les plus reproductibles sur d’autres exploitations). Les conclusions présentées sont donc un premier pas pour définir un cadre, mais il faut garder à l’esprit que chaque projet de permaculture est différent.

Les principaux enseignements sont les suivants :

  • Il faut environ 1,6 heures de travail par an pour cultiver intensément 1 mètre carré de butte permanente.
  • Chaque mètre carré peut produire une valeur d’environ 55 €, dans un contexte similaire au Bec Hellouin
  • Chaque heure de travail dans les jardins produit donc un chiffre d’affaire d’environ 34 €.
  • En ajoutant aux heures travaillées dans les jardins 50 % de temps supplémentaire pour les autres tâches, chaque heure travaillée génère un chiffre d’affaire d’environ 23 €.
  • Le coût de l’ensemble des outils ayant servi à réaliser cette production (serres, irrigation, outils divers) est d’environ 22 000 €.
  • Une personne peut exploiter efficacement une surface comprise entre 500 et 1000 mètres carrés.

La permaculture reste encore une démarche agricole à contre-courant du schéma classique de l’agriculture intensive, orientée sur la monoculture et le recours aux engrais, pesticides et autres produits chimiques.

La démarche d’une ferme en permaculture est singulière. Elle demande de concevoir autrement le rapport entre l’agriculteur et son exploitation : la surface exploitée est nettement réduite, mais la diversité des cultures y est très importante (en moyenne 76 types de produits cultivés chaque année à la ferme du bec Hellouin), tout comme l’intensité des plantations afin d’optimiser au plus justes les parcelles exploitées.

La saisonnalité de la production, donc de la charge de travail et des revenus est importante, et nécessite une gestion anticipée de l’exploitation.

Quelles conditions pour une ferme en permaculture dans un projet d’aménagement ?

Plusieurs facteurs entrent en considération pour optimiser la réussite d’une ferme en permaculture :

  • Recréer des écosystèmes spécifiques du terroir,
  • Avoir une conception et une organisation de l’exploitation permettant de tirer profit des synergies, des interactions et des apports des abords de la ferme,
  • Echanger avec les exploitants de parcelle en permaculture dans un périmètre proche pour recueillir leur expérience,
  • Diversifier les débouchés (vente directe à la ferme, paniers de légumes, AMAP, restaurateurs …),
  • La capacité à constituer un sol de qualité.

Une microferme permaculturelle d’un hectare peut donc fournir des légumes, mais aussi bien d’autres produits agricoles, et donner du travail à une personne tout en constituant un véritable agroécosystème diversifié, produisant lui-même la biomasse nécessaire au maintien de la fertilité de la parcelle maraîchère. Le milieu  devient autofertile et donc plus résilient. Et plus le temps passe, plus il gagne en autonomie.

Une ferme en permaculture : une multitude de bénéfices

Une ferme en permaculture permet de répondre à plusieurs enjeux au centre de nos projets d’aménagement :

  • Patrimoine et paysage : Réserver une emprise foncière pour une ferme en permaculture permet d’apporter un véritable paysage au cœur de la ville. Les différents espaces de culture sont autant de paysages : mandala, potager, serres, verger, mare …
  • Gestion de l’eau : Une des clés de l’agriculture est la ressource en eau, dont la gestion est très contrainte dans les zones urbanisées. Une surface agricole permet de limiter l’imperméabilisation des sols et de pouvoir réutiliser les eaux de pluies captées à proximité sans avoir à les diriger vers les réseaux.
  • Biodiversité et nature en ville : La diversité des plantes est fondamentale dans le fonctionnement d’une ferme en permaculture. Un tel espace est source d’une biodiversité très importante pour le bon fonctionnement de l’ensemble de la ferme. L’absence de produits chimiques permet de pérenniser cette biodiversité.
  • Climat et ilot de chaleur urbain : Une ferme en permaculture implique forcément une zone non construite sur une emprise relativement importante. La présence d’eau, de végétaux et l’absence de construction, permet de créer un ilot de fraicheur, limitant ainsi le phénomène d’ilot de chaleur urbain.
  • Gestion des déchets : La permaculture n’utilisant pas de produits chimiques, elle utilise le compost. Celui-ci peut être issu d’un périmètre plus large que la ferme, comme par exemple dans le cas d’un compostage des déchets verts de la ville ou d’une récupération de la part fermentescible des ordures ménagères des habitants.
  • Lien social : Une ferme permaculturelle, de par son modèle, est également un lieu de rencontre. L’intérêt pédagogique (autant pour les enfants que pour les adultes) d’un tel projet permet de créer un lien entre la ferme et les habitants.
  • Economie sociale et solidaire : Dans une logique de circuit court et de diversification des débouchés, une ferme en permaculture est de fait un acteur de l’économie sociale et solidaire : AMAP, vente directe aux particuliers, vente à des restaurateurs du territoire

Bref, la liste est longue.

Une ferme permaculturelle dans votre quartier, ça donnerait quoi ?

Vente en directe à la ferme

Une autre approche de l’agriculture

Une portée pédagogique pour les enfants …

… et pour les adultes

Parcelles densément cultivées

Une grande variété de plantes

Des dispositifs spécifiques à chaque site

Une place pour les rencontres

Une faune variée retrouve sa place

La permaculture n’attend plus que vous et un petit bout de terrain !

Aller plus loin :
http://asso.permaculture.fr/
http://permaculturefrance.org/
http://www.fermedubec.com/ferme.aspx
http://www.fermedubec.com/inra/Rapport-%C3%A9tude-2011-2015-Bec-Hellouin_30112015-2.pdf

 

Depuis 2012, la démarche ÉcoQuartier valorise les projets qui favorisent l’émergence de nouvelles façons de concevoir, de gérer et de vivre au  cœur  de nos territoires. Renouvelée en 2016 par le ministère du Logement et de l’Habitat durable, la démarche Ecoquartier a ouvert les  candidatures pour l’année 2017.

  • 16 janvier au 24 mars 2017 : recensement des opérations par les DREAL.
  • 27 mars au 12 mai : dossier rempli par les collectivités sur la nouvelle plateforme (LOAD).
  • 15 mai au 25 août : expertise intégrant la visite de terrain.
  • Septembre 2017 : commission régionale (synthèse des expertises DDT/ experts extérieurs).
  • Novembre 2017 : commission nationale (synthèse expertise régionale et nationale).
  • Décembre 2017 : annonce des résultats et remise des labels

Concernant le recensement des opérations, il s’agit d’informer la DREAL de l’opération. Une présentation succincte du projet doit être transmise à cet effet, avant le 24 mars 2017 auprès de votre correspondant « Ville Durable » en DDT(M).

Retrouver ici l’annuaire des correspondants « Ville Durable »

Il est prévu que le dossier de labellisation soit mis en ligne fin février 2017. La plateforme sera quant-à-elle ouverte aux candidatures fin mars.

Pour plus d’informations :

 

Après avoir lancé en 2015 le premier référentiel consacré aux bâtiments bas carbone, l'association BBCA a annoncé sa volonté de travailler à l'échelle du quartier, en partenariat avec BNP PARIBAS REAL ESTATE.

 

« La mise au point du quartier bas carbone est une étape supplémentaire dans les travaux accomplis jusqu’à présent par l’association BBCA. La lutte contre le changement climatique passe par un aménagement urbain à l’empreinte carbone exemplaire. Le Quartier Bas Carbone, composante essentielle de la ville durable, c’est l’avenir de nos territoires : un axe privilégié de développement et de valorisation de l’expertise française » Stanislas Pottier, président de l’association BBCA.

 

Cette nouvelle approche de l’association démontre que l’échelle du bâtiment n’est pas toujours la plus pertinente notamment lorsque sont abordées les thématiques de transports, déchets, mixité des usages ou encore mutualisation énergétique.

Une commission technique sera désignée par l’association pour établir le référentiel Quartier bas Carbone. La grille d’analyse BAS CARBORNE combinera :

  • Des exigences de conception des bâtiments, de la voirie et des infrastructures basées sur l’ACV (Analyse du Cycle de Vie) et permettront d’aborder :
    • l’optimisation de l’architecture qui privilégie l’économie des matériaux,
    • l’utilisation de matériaux bas-carbone et recyclés,
    • la limitation des déchets de chantier,
    • la sobriété énergétique,
    • la production locale d’énergie avec le recours aux énergies renouvelables,
    • les réseaux intelligents/smart grids,
    • l’économie circulaire : mutabilité des usages, recyclage en fin de vie.
  • Un cahier des charges aménagement & usages permettra de limiter les rejets carbone du quartier en portant une réflexion sur :
  • l’incitation à des modes de mobilité décarbonés,
    • la lutte contre le gaspillage,
    • la valorisation et le recyclage des déchets,
    • la mise en place de surfaces végétalisées adaptées aux territoires qui maximisent la capacité de stockage carbone,
    • le respect des sols.

L’objectif à terme est d’aboutir à une démarche globale d'aménagement qui va, non seulement permettre de réduire l'empreinte carbone des bâtiments, mais plus généralement celle du quartier.

Pour aller plus loin :

Télécharger le communiqué de presse.

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