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Les belles ambitions de la RE 2020 sont-elles l’arbre qui cache la forêt?

Une nouvelle fois,  l'association négaWatt  s’inquiète à juste titre. Derrière les travaux de  préparation de la réglementation environnementale 2020, se trament des volontés de modifications des coefficients techniques  (en l’occurrence le taux de conversion entre énergie primaire et finale de l’électricité). Si la modification de ce facteur de conversion ne fera pas la « Unes » des medias, les professionnels mesurent d’ors et déjà l’impact sur les futurs bâtiments. Le passage du facteur conversion de 2,58 (déjà largement minoré depuis des années) à 2,1 permettrait à un bâtiment de consommer presque 15% de plus pour la même enveloppe.

Facteur de conversion : quésaco?

On distingue en général deux concepts :

  • L'énergie primaire qui est l'énergie contenue dans les ressources naturelles, avant éventuelle transformation. Le fioul ou le gaz sont des exemples d'énergie primaire.
  • L'énergie finale qui est l'énergie utilisée par le consommateur dire après transformation des ressources en énergie et après le transport.

Pour comparer les consommations d'énergies selon leur « origine », les différentes réglementations (et notamment la réglementation thermique) ramène toute consommation en énergie primaire en appliquant, en particulier au vecteur énergétique qu’est l’électricité, un taux de conversion.

En effet, l’électricité n’est pas « naturelle » mais résulte de transformations. Or, ces transformations ne transforment pas nécessairement  1 kWh d’énergie primaire en 1 kWh d’énergie finale  puisqu’en particulier le rendement du process nucléaire est de 33%. Autrement dit, seul le tiers de l’énergie primaire exploitée par les centrales nucléaires est transformée en énergie finale. Les centrales fossiles (charbon, fioul…) ne font guère mieux avec un rendement proche de 38%.

Par ailleurs, la centralisation de ces moyens de conversion, implique que l’électricité produite doit se déplacer avant d’arriver à l’utilisateur final. Ainsi, selon la ligne sur laquelle « voyage » l’électricité, la perte, est selon RTE, de l’ordre de 3% (lignes à très haute tension) à 7% (basse tension).

Au final, en France, ce facteur de conversion se situe, selon RTE, aujourd’hui autour de 2,7 (soit un rendement de 37%) . En fonction du mix énergétique retenu, ce facteur devrait s’améliorer (il tournait autour de 3.2 en 1974) notamment avec la progression des énergies renouvelables pour aboutir à 2.1 si l’ensemble des mesures prévues par la Programmation Pluriannuel de l’Energie  est appliqué (soit en 2035 si tout va bien). Depuis la fin des années soixante-dix, ce facteur est réglementairement fixé à 2,58.

Alors quel est le problème ?

Au prétexte de la nouvelle réglementation, la Direction de l’énergie et du climat suggère d’ « actualiser les facteurs de conversion en énergie primaire de l'électricité utilisés dans la réglementation des bâtiments neufs [...] pour prendre en compte le mix électrique projeté en 2035 dans la PPE. ». Autrement écrit, cela donne : « puisque nous avons initié un changement vertueux du mix électrique, anticipons le facteur de conversion final (2,1) ».

Sauf que … si ce facteur est retenu, alors, à prestations égales, le même bâtiment chauffé à l’électrique (par effet joule) aura le droit de consommer 15% de plus pour une efficacité et un confort plus que discutables malgré les progrès. Comme le coût d’investissement est moindre, il est évident que de nombreux bâtiments neufs se verraient équiper de convecteurs (ou ballons) électriques entraînant une augmentation des besoins, au contraire de la sobriété prônée par négawatt (et par le bon sens).

C’est à notre sens, et comme le souligne Négawatt, un bien mauvais message adressé au professionnel de confondre ainsi cause (modification du mix énergétique) et conséquence (modification du facteur de conversion).

Laissons aux coefficients techniques ou physiques la neutralité qui leur sied.

Laissons à l’électricité ce coefficient 2.58 ou mieux, ramenons le à sa valeur réelle en le concevant ajustable à la modification effective du mix énergétique et au rendement du réseau.

Pour que  ces coefficients restent des données physiques, il serait peut-être même souhaitable de modifier les facteurs de conversion des autres énergies puisque contrairement à l'électricité, les énergies fossiles (et même renouvelables comme le bois)  bénéficient en effet d'un coefficient unique égal à 1, qui ignore complétement les coûts d'extraction, de transformation et de transport jusqu'au point d'utilisation finale.

 

Retrouver le communiqué de presse Négawatt : https://negawatt.org/IMG/pdf/190403_note-analyse_retour-chauffage-electrique-peu-performant.pdf

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